La photo de trail

Brèves

-
trail, breve, dbdb, photo

QUICONQUE A DÉJÀ PARTICIPÉ À UN TRAIL COMPRENDRA CE QUI SUIT.

article DBDB - La photo de trail

Un bon trail ne serait rien sans un bon souvenir. Et quoi de plus beau et valorisant qu’une photo.
Entendons-nous ! Je ne parle pas de la banale photo de famille en randonnée dans le Pilat mais bien de celle de l’athlète à la foulée légère qui gambade dans les alpages français.

Le principal problème de la photo pour le traileur lambda est qu’il n’en maîtrise rien. Il le sait, sur le parcours, un photographe "officiel" sera là pour prendre en rafale chaque coureur. Il le sait. A chaque course.

Et à chaque course c’est pareil. René-Charles (notre traileur lambda) promet à sa femme : 
"Cette fois je n’aurais pas cette pauvre tête de flan qui en chie grave. Je sourirai, ferai un geste classe de la main et aurai trop la classe. Un peu comme Kilian... Tu verras. "

A cet enthousiasme d’avant-course, il faut hélas confronter trois facteurs externes et indépendants de la bonne volonté de notre traileur : la motivation du photographe. Entendons par ceci son envie de faire du pognon ou d’être un fabricant de souvenirs (nous verrons dans un futur billet que les deux vont souvent de paire), le profil du parcours (dénivelé, typologie du terrain et donc météo) . Enfin, la position du photographe sur le parcours. Nous verrons que sa motivation conditionne fortement sa position.

L’exemple qui suit met en lumière ces 3 points. 

Nous sommes sur l’UTMB 2009. Ce matin René-Charles a la gagne. Il est entraîné et va scorer à mort. Cerise sur le gâteau, il va poser comme une bête dès que le photographe pointera le bout de son objectif...

Quelques dizaines de kilomètres plus loin (et plus haut), Jean-Georges, le photographe officiel de la course, est ronchon. Pas envie de faire plaisir. Pas le goût de bosser. "Tant qu’à me faire chier à prendre des cons avec des têtes de flan autant profiter de la vue, bordel à cul" a-t’il lâché, grognon, à Jean-Bernard qui le déposait en 4x4 au point culminant de la course (3430m) à 142km du point de départ.

Voilà comment la motivation (inexistante de Jean-Georges) l’a amené à se positionner sur le spot le plus haut de la course pour shooter les coureurs.

C’est après 34h26’43" de course et une dernière ascension de 1800m+ que le flash de Jean-Georges s’est déclenché sur le visage de René-Charles.

(De sa femme venue le ramasser sur le parking de Chamonix) Aux dires de ce dernier, fier et courageux finisher en 42h28’36", il était au top lors de cette dernière ascension et les photos, en ligne et en vente prochainement, en apporteraient la preuve vibrante...

Un souvenir de trail c’est important.
C’est une sorte de preuve devant l’éternel, pour la descendance.

  • "Votre arrière-grand père faisait du trail running, il a escaladé à plusieurs reprises les plus hauts sommets du monde avec son ami Kilian à qui il mettait des bonnes vieilles mines dans les montées" [Tout un chacun a tendance à romancer] "Tenez regardez cette vieille photo que j’ai retrouvée sur mon disque dur externe"[Rires des enfants devant l’énorme disque mémoire de 1 Tera octets de leur mamie]

Car oui, la photo de trail souvenir est majoritairement numérique : 15 euros pièce.
C’est plus cher que la version papier mais au moins on peut l’imprimer, l’envoyer à ses parents, la mettre en fond d’écran, en faire son avatar Facebook, la tweeter et la faire imprimer sur son bidon de trail.

Elle ne s’abîme pas.

En général, on peut espérer 1,2 parfois 3 photos sur un trail. Il faut toutefois appréhender leur qualité. Et c’est là que tout se complique car pour choisir les photos que vous allez payer 15 euros pièce, voilà le type de vignette que le site met à votre disposition.

Bien sûr vous êtes malin et allez copier de l’URL de ma vignette en enlevant _mini.jpg dans votre navigateur préféré afin d’avoir l’image initiale postée sur le site Internet de fototrail3000 et vous obtenez alors une vignette tout aussi dégueulasse mais plus grosse.

Le truc très bien vu par les marketeux de la photo de trail, c’est que le traileur voit bien ce qu’il veut dans une grosse vignette dégueulasse. Et là voilà ce que votre imaginaire combiné à vos vagues souvenirs de course vous font voir dans la vignette : une photo de vous qui souriez et faites un geste classe de la main....

 

Ni une ni deux vous faites chauffer la CB et achetez la photo à 15 euros qui vous est envoyée immédiatement par e-mail.

Merde ! Vous n’aviez pas vu sur la grosse vignette dégueulasse le clampin qui sirotait son camel-back en marchant au premier plan... 15 euros pour ça. Dur.

Heureusement que la force du trail réside dans le développement de l’imaginaire et dans la construction d’images positives.

article des bosses et des bulles - DBDB a 10 ans : la génèse du premier dessin.

Article suivant

DBDB a 10 ans : la génèse du premier dessin.

04 mars 2022